Attention à l'angle mort !
Ou comment bénéficier du regard des autres sur soi

par Yaakov Lieder
L’une des premières
précautions que l’on apprend
en passant son permis de
conduire est de se méfier de
ce qui se passe dans « l’
angle mort », ces endroits
autour de la voiture qui sont
tellement proches que les
rétroviseurs ne peuvent pas
nous les montrer. Nous
devons ainsi apprendre à
perdre momentanément le
confort de notre assise en
tournant la tête pour vérifier
qu’il n’est pas dangereux de s’
arrêter ou
d’effectuer un virage
Ces « angles morts » peuvent fournir une intéressante métaphore
pour comprendre ce qui se passe dans nos vies lorsque certaines
choses sont « trop proches » pour être perçues correctement. Il
arrive, en effet, que notre ego et notre amour-propre nous
masquent nos points faibles, en particulier ceux que seuls nos plus
proches parents ou amis peuvent déceler.

Je connais quelqu’un qui ne s’est rendu compte qu’à l’âge de
soixante-dix ans qu’il a tendance à trop parler de lui-même et ne
témoigne pas de suffisamment d’intérêt envers autrui. Le prix qu’il
dut payer pour cela fut que les gens l’ont évité tout au long de sa
vie. « Si seulement on me l’avait fait remarquer il y a cinquante
ans… » m’a-t-il confié.

Certaines personnes passent toute leur vie dans le déni avec un
entourage qui marche sur des œufs, craignant de les mettre face à
eux-mêmes en révélant leurs défauts. Ceci est certainement dû à
un ou plusieurs précédents difficiles où la mise en évidence de
leurs « angles morts » avait suscité chez eux une réaction très
dure. Et, n’ayant pas été capables de reconnaître et de corriger
des défauts mineurs, ils se sont par la suite retrouvés avec des
problèmes bien plus graves qui auraient pu être évités.

C’est le propre des sages d’accepter que, en tant qu’êtres
humains, ils ne soient pas parfaits et qu’ils ont, eux aussi, des
« angles morts » dans leur personnalité. Une solution pour
remédier à cela est de s’en remettre à un ami véritable que l’on
respecte et que l’on sait être suffisamment honnête et ouvert pour
nous faire remarquer nos faiblesses. Ainsi, à un moment et en un
lieu appropriés, cet ami pourrait attirer notre attention sur les
problèmes existants et peut-être suggérer une façon de rectifier ce
qui doit l’être.

Choisissez soigneusement cette personne. Il ou elle doit être un(e)
véritable ami(e) qui a réellement à cœur de trouver ce qui est bon
pour vous et non quelqu’un qui jouerait ce rôle pour exercer un
ascendant sur vous ou  pour vous faire du tort.

« Lorsque nous faisons les choses bien, dites-le à tout le monde ;
quand nous faisons les choses mal, dites-le-nous. » Cette devise
bien connue des entrepreneurs soucieux d’efficacité est aussi
l’approche des gens qui veulent progresser dans leurs vies. Ils ont
conscience d’avoir de nombreuses qualités appréciables, mais
aussi certains traits de caractère sur lesquels il leur faut travailler
pour les transformer en qualités.

Il suffit de se lancer. Trouvez cet(te) ami(e) que vous respectez et
sur qui vous pouvez compter et demandez-lui de traquer vos angles
morts. Une fois ceux-ci repérés, établissez ensemble une stratégie
pour les surmonter. Faites régulièrement le point avec cet(te) ami
(e) et vous vous retrouverez sur l’autoroute du développement
personnel avec le succès à la clé.

Essayez, ça marche !


Rav Yaakov Lieder est, depuis 30 ans, un éducateur de renom. Il a
été professeur et proviseur dans plusieurs institutions éducatives
en Israël, aux Etats Unis et à Sydney, en Australie. Il est le
fondateur et le directeur du Support Center qui aide les familles
souffrant de problèmes relationnels et d’éducation.